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Innocents (The dreamers)
Réalisateur : Bernardo Bertolucci
Acteurs : Michael Pitt, Eva Green, Louis Garrel, Robin Renucci, Anna Chancellor
Durée : 1h52
Sortie : 10 décembre 2003

Michael Pitt .............. Matthew

Louis Garrel ............ Theo

Eva Green ............... Isabelle

Robin Renucci ......... Le Père

Anna Chancellor ...... La Mère
Paris, mai 1968. Restés seuls pendant les vacances de leurs parents, Isabelle (Eva Green) et son frère Théo (Louis Garrel) invitent chez eux Matthew (Michael Pitt), un étudiant américain. Livrés à eux-mêmes dans cet immense appartement, ils vont fixer les règles d'un jeu qui les amènera à explorer leur identité émotionnelle et sexuelle ...
(The dreamers en VO) est avant tout un portrait, ou plus exactement un tableau : celui d'une génération, la génération dite soixante-huitarde, celle du baby-boom post seconde guerre mondiale. Une génération qui, après une décennie euphorique (les années 50) de jupes à maman, d'opulence sociale et culturelle (le rock'n'roll, l'apparition de la télévision ...) va devoir faire face à une autre (décennie) en proie aux crises et aux doutes : guerre d'Algérie, guerre du Vietnam ou bien plus mondialement, guerre froide alors à son paroxysme (missiles de Cuba, mur de Berlin). La fin de ces années 60 sera donc symbolisée par cette "révolution culturelle" (entre autre) de mai 68, préambule à une troisième et dernière décennie, conclusion des deux précédentes en quelque sorte : après l'euphorie (et la naïveté ?) et le chaos, place à l'épanouissement de soi.

Politique, musique, philosophie, sexe, drogue mais aussi et surtout cinéma, Innocents est au confluent de ces multiples épanouissements. Découverte de son esprit, de ses sens, de ses opinions, c'est bel et bien à une découverte du soi profond de cette génération bien précise que nous convit Bertolucci, un Bertolucci cinéphile (à vos cahiers, révisez vos classiques), charnel et surtout très joueur. Un jeu, ou plus précisément des jeux qui ne seront pas forcément du goût de tous. Car les épanouissements de ces ados là se font dans l'extrême, dans "l'overdose permanente" comme le confie lui-même un Bertolucci à la limite de sa propre autobiographie même si en l'occurrence il s'agit plutôt de celle d'un autre (The Holy Innocents, le roman de Gilbert Adair dont est tiré le film). Inceste sous-jacent (entre le frère et la soeur, bien que jamais montré explicitement à l'écran), défis sexuels, opinions (politiques, idéologiques, philosophiques) tranchées ... les choix du cinéaste (et de son scénariste, réécrivain de son propre roman pour l'occasion) risquent d'en choquer plus d'un alors que c'est précisément tout le contraire que la caméra tantôt picturale (la scène dans la baignoire, sous la "tente" ...), tantôt baladeuse (les méandres de l'appartement) cherche à nous présenter : un éveil. Abrupt sans doute, radical très certainement, mais éveil tout de même.
Et les parents dans tout ça me direz-vous ? Absents. Lorsqu'ils réapparaissent, ce n'est que pour mieux s'éclipser sans avoir omis auparavant de laisser un joli chèque de "survie" à leurs charmants bambins. Encore que, lorsqu'il s'agit de subvenir à leur besoin le plus vital (nutritif), ces ados là ne manquent pas de ressources. Des parents totalement dépassés par les évènements qui préfèrent donc laisser leurs enfants découvrir par eux-mêmes leur nouvelle vie, une nouvelle vie entre alcool, drogue, sexe et jets de pierre, de pavés et de cocktails Molotov avant de redevenir plus ... zen.